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Certains le nomment "Val de Réchy". Ça fait grand et imposant ! Et ils ont raison, car cette vallée recèle des richesses naturelles étonnantes, que l’on ne cesse de découvrir. Si l’on devait pourtant le comparer au Val d’Anniviers ou au Val d’Hérens, limitrophes, le mot "Vallon" lui conviendrait mieux, à cause de sa petite taille, et parce qu’il permet une approche plus humaine. Le Vallon de Réchy est resté comme suspendu à une altitude de 800m., appuyé sur la falaise du Sex Blanc qui surplombe la vallée du Rhône.

Deux grands pans, verts de forêts et de clairières, se resserrent en forme de V pour permettre à l’eau de couler plus sauvage et plus rapide encore, avant qu’elle ne se jette en cascade dans le vide. Le fond est séchard et convient bien au bouleau et au pin sylvestre. Avec l’altitude et une plus grande humidité, le sapin, l’aulne blanc, le frêne, le noisetier, et le mélèze reprennent vigueur. Jusqu’au bout, la forêt reste de type mixte. Trouée, elle résonne de part et d’autre, de noms enchanteurs Bouzerou, Artillon, Santa Maria, les Arzechons, les Vernys, Bautsé, Simboué, les Moulins, Tsartsey... Il y souffle un vent de fraîcheur et de liberté, dont ni le cerf, ni les génisses, ni le pic noir, ni les habitants des Mayens ne sauraient se passer. Voilà pourquoi tous se déplacent discrètement, de pâture en pâture, de la forêt à la prairie, du chalet à la source, passant de l’obscurité à l’intense lumière, de chalet en chalet. Une lumière s’est allumée, bientôt le volet sera tiré.

Stop ! Une immense barrière de roche ferme la vallée. Nous pénétrons dans un autre pays. Les arbres ont disparu; de vastes plateaux couverts de landes et de prairies alpines se succèdent étage après étage. Les moutons, les génisses et des chèvres se partagent le peu de nourriture disponible, près du Tsalet, aux alentours d’Econdoi, du côté de la Fâche ou sur les arêtes. C’est immense et magnifiquement bordé de sommets et de crêtes. La montagne a remis ses tabliers d’éboulis, avant de retrouver les combes à neige. La rivière est devenue plus juvénile, elle aime se prélasser dans les méandres de l’Ar du Tsan et même par deux fois, tremper dans les bas-fonds marécageux. Eau de silice, eau de calcaire, elle accepte tout, elle prend tout pour grandir et en jouir. Insouciante elle se disperse, et se perd parfois, comme le faufil d’un ourlet tourné dans la verdure. Mais toujours, elle brille, au beau milieu, tel un fil d’Ariane. C’est elle qui a donné son nom au Vallon. Chaque fleur a choisi son endroit préféré, pour faire de la montagne un bouquet, pour décorer le chevelu de la rivière. Le chamois siffle, puis s’élance vigoureusement vers la nuit qui monte.

Regardez l’aigle là-haut, tout là-haut, il vous attend. C’est un dernier défi pour celui qui veut ou peut aller jusqu’au bout. Rien ne pousse, les sols sont gelés en profondeur et apparemment il n’y a plus rien pour vos yeux. Rien, plus rien, nu comme si la vie était en fin de course ou à ses origines. Des espaces et des horizons incapables d’arrêter le regard. Aucune fioriture. Dépouillement. Tiens ! Une perdrix des neiges et un faucon crécerelle ! Les grands corbeaux tiennent congrès dans le ciel. La vie est poussée dans ses retranchements et les sols sont encore trop neufs pour pouvoir nourrir. Etrange ! On a dessiné des polygones, aligné des cailloux, on a marqué de stries le sol et confectionné des roses avec des pierres; le sol, parfois se laisse aller mollement vers en bas, las de toujours devoir s’agripper aux pentes, puis s’étale en loupes, comme s’il tirait la langue. L’eau y a creusé son réseau karstique souterrain, joue à cache-cache, disparaît et resurgit plus loin. Pour la suivre dans sa farandole, il faut lui mettre une robe de soie verte facilement repérable Mystérieuse histoire d’amour entre la terre et l’eau que le gel unit, soulève, fracture et déchire. C’est le monde du permafrost. Superbe château d’eau, où l’on garde précieusement en réserve, l’eau potable, nécessaire aux habitants de la région.

Le périple s’arrête ici, sur les rives du lac, dans le silence et la contemplation. On y trouve du temps, du repos et des forces de vie. C’est offert ! Respect !

Source: Prospectus sur la Vallon de Réchy distribué dans les offices de Tourismes de la région